Présentation

En Provence, le peuplement des sites a souvent été influencé par des préoccupations défensives : en période d’insécurité les paysans se serrent sur des buttes pour se prémunir contre l’envahisseur.
Une vie collective se développe dans le village que l’on appelle à l’époque « castrum » ou « oppidum ».

Au contraire, dans les périodes de paix et de prospérité la population regagne la plaine, les paysans cherchent alors à habiter la terre sur leur lieu de travail. Le paysan bâtit alors sa maison qui colle parfaitement à sa condition de vie sans artifices et sans soucis de paraitre. Cette vie se reflète intimement dans son architecture.

A partir de la moitié du XIIIème siècle, le monde rural construit en pierre sèche sans mortier. Les pierres sont gratuites ramassées dans les champs, façonnées et déposées par l’érosion. Ces matériaux sont rangés à la limite des parcelles ou en clapiers et sont employés ensuite dans la maçonnerie, soit à l’état brut, soit après un dressage sommaire pour un utilisateur paysan qui n’est ni maçon ni tailleur de pierres.

Au XVIème siècle, la chaux commence à être utilisée dans les constructions rurales car les fours à chaux et à plâtres se multiplient dans les régions calcaires alors qu’ils étaient auparavant situés au voisinage des villes. L’évolution des mortiers va influencer l’architecture rurale provençale car après avoir utilisé la simple terre argileuse (mortier d’agasse ou mortier de pie en Provence), la chaux devient plus accessible et moins coûteuse.

Au début du XVIIIème siècle, l’utilisation de mortier gâché avec des liants commence à être à la portée financière d’un plus grand nombre de constructeurs, ce qui accentue aussi l’essor du métier de maçon.

La chaux est obtenue par calcination d’un calcaire à une température d’environ 900°C. La calcination du calcaire (carbonate de calcium), entraine la formation de chaux vive. Il faut en moyenne 3,5 tonnes de calcaire pour produire 1 tonne de chaux.
Mais pour pouvoir utiliser la chaux en poudre ou en pâte dans le bâtiment, il faut d’abord « éteindre » la chaux vive, c’est-à-dire la réhydrater. Plus la chaux trempe longtemps meilleures en seront ses qualités (souplesse, onctuosité, légèreté…).
Les Romains allaient jusqu’à tremper leur chaux plusieurs années avant de l’utiliser.

Pour la restauration nous utilisons 2 types de chaux :

• La chaux aérienne (CAEB), provenant d’un calcaire pur qui fera sa prise au contact de l’air uniquement, utilisé en général pour les enduits décoratifs ou badigeons
• La chaux hydraulique (NHL) qui a la faculté de faire une prise dans un milieu humide voire sous l’eau. On utilisera cette chaux pour bâtir les murs en pierre (soubassement ou cave).
• La chaux a une place prépondérante dans l’histoire de la construction. Fondatrice des plus grands empires, les Égyptiens, les Grecs, les Romains pour ne citer qu’eux. Du Vème millénaire avant J-C à nos jours, toutes ces cultures maîtrisaient la fabrication de ce matériau.

De nos jours l’emploie du ciment s’est imposé à 90%, mais est incompatible avec les maisons anciennes ainsi que celles de demain (soucieuses entre autre de la perméabilité à l’air et à la régulation d’humidité des murs) m’amène clairement à penser qu’un regain sérieux de la chaux est à attendre dans la construction de maison individuelle.